Au fil des siècles
Située
entre
Vierzon
et
Issoudun,
le
long
de
la
rivière
Arnon,
la
cité
de
Lury
a
été
une
place
forte, longtemps rattachée au fief de Vierzon.
«
Lury
est
une
petite
ville
antique
assise
dans
les
fins
et
limites
du
Berry,
elle
est
close
et
fermée
de
murs,
bien
fossaillée
et
enrichie
de
tours
et
de
deux
porteaux,
fort
haute,
contenant
de
circuit
environ
six
arpens
de
terre
», écrit Jean Chaumeau, en 1566.
Comme
en
témoignent
les
écrits
de
Louis
Raynal,
Gaspard
Thaumas
de
La
Thaumassière,
Jean-Baptiste-
Emile
Tausserat
et
Alphonse
Buhot
de
Kersers,
elle
a
eu
à
subir
plusieurs
assauts
et
sièges,
à
travers
les
siècles.
Richard Cœur de Lion (1157-1199)
En
1196,
le
roi
d'Angleterre,
duc
de
Normandie
et
d’Aquitaine,
Richard
Cœur
de
Lion,
«
enlève
Lury,
détruit
son
vieux
château
appuyé
à
l’une
des
portes
»,
avant
de
prendre
Vierzon,
note
Jean-Baptiste-Emile
Tausserat.
«
On
peut
croire
que
ses
fortifications
ne
consistaient
alors
que
dans
la
motte
des
marais
surmontés
d’ouvrages
de
bois
»,
estime
Alphonse
Buhot
de
Kersers,
pour
qui
«
aussitôt
le
conquérant
éloigné,
on
dut
procéder
à
des
fortifications
plus
sérieuses
et
à
la
construction
de
murs
et
de
portes
en
pierre
qui
subsistent
en
partie
(tout
au
moins
quant
à
ses
bases).
Ces
murs
existaient
en
1213,
lorsque
Hervé
Ier
de
Vierzon
affranchit
les
habitants.
L’acte
de
franchise
nous
apprend
même
que,
dès
lors,
la
population
avait
débordé
hors de cette enceinte ».
Le Prince Noir (1330-1376)
En
pleine
guerre
de
Cent
ans,
à
l’occasion
d’une
funeste
chevauchée
entamée
à
Bordeaux
le
3
août
1356,
et
après
avoir
tenté,
en
vain,
de
prendre
Bourges,
et
avant
de
conquérir
Vierzon,
où
il
massacre
la
garnison,
la
cité
de
Lury
est
pillée
et
incendiée,
vraisemblablement
le
28
août
1356,
par
le
prince
de
Galles
Édouard
Plantagenêt, plus connu sous le surnom de Prince Noir, assure Alphonse Buhot de Kersers.
Quatre
ans
après
la
bataille
de
Poitiers,
le
19
septembre
1356,
au
cours
de
laquelle
son
père
le
roi
Jean
II
le
Bon
sera
fait
prisonnier
par
les
Anglais,
le
duc
Jean,
sera
apanagé
duc
de
Berry
en
octobre
1360,
et
prendra
ainsi possession de Lury.
Le duc Jean de Berry (1340-1416)
L’influence
de
familles
locales
auprès
du
duc
Jean
«
fut
sans
doute
une
des
causes
qui
déterminèrent
ce
prince
à
rétablir
le
château
de
Lury
ruiné
par
les
invasions
»,
écrit
Jean-Baptiste-Emile
Tausserat,
à
partir
d’éléments
rapportés
par
Gaspard
Thaumas
de
La
Thaumassière.
«
Un
château
dont
il
reste
quelques
vestiges
»,
note
Alphonse
Buhot
de
Kersers,
en
ajoutant
que
«
Jean
de
Berry,
en
1412,
fit
don
de
Lury
au
Chapitre de Bourges qui en devint ainsi seigneur et le garde jusqu’à la Révolution ».
«
En
1414,
nous
renseigne
Alphonse
Buhot
de
Kersers,
des
réparations
furent
faites
au
château
de
Lury
;
un
sieur Dauphin, tailleur de pierres, en fut chargé ».
Pendant la Réforme (XVIe siècle)
Lury,
cité
catholique,
«
placée
sur
la
route
d’Issoudun
à
Vierzon,
ligne
très
fréquentée
alors
par
les
gens
de
guerre
des
deux
partis,
souffrit
beaucoup
pendant
ces
tristes
luttes
intestines
»,
écrit
Jean-Baptiste-Emile
Tausserat.
La
cité
«
eut
affreusement
à
souffrir
des
guerres
religieuses
au
XVIe
siècle
»,
complète
Alphonse
Buhot de Kersers.
Ainsi,
en
1567,
«
pour
la
Saint-Martin
d’hiver,
détaille
Jean-Baptiste-Emile
Tausserat,
une
division
de
protestants
gascons
se
jeta
sur
Lury,
ravagea
le
pays,
s’empara
des
blés
des
chevaux,
des
bestiaux
de
toute
espèce et laissa les habitants dans la plus affreuse misère ».
L’année
suivante,
en
1568,
«
ce
fut
l’amiral
de
Coligny
et
le
cardinal
de
Châtillon
qui,
en
fuyant
la
Bourgogne
sur
la
Rochelle,
s’arrêtèrent
avec
leurs
troupes
à
Lury
et
rançonnèrent
la
ville
ainsi
que
les
propriétés
des
chanoines ». La ville fut « dévastée », selon Alphonse Buhot de Kersers.
La Ligue (XVIe siècle)
Vingt
ans
plus
tard,
note
Jean-Baptiste-Emile
Tausserat,
alors
que
les
attaques
par
les
ligueurs
se
multipliaient,
les
royalistes
emmenés
par
les
frères
d’Arquian
«
ne
restaient
pas
inactifs
et
rendaient
coups
pour
coups.
Ils
s’emparèrent
de
Lury
(en
décembre
1589)
qui
tenait
pour
la
Ligue,
de
Reuilly,
du
château
de
Lazenay…
Des
escarmouches
semblables
continuèrent
en
1590,
année
pendant
laquelle
Lury
eut
les
honneurs
d’un
siège
en
règle
».
Un
siège
particulièrement
sanglant,
mené
par
le
seigneur
de
Richemont,
l’un
des lieutenants de M. de La Châtre.
Ce
dernier,
«
parti
de
Bourges
avec
cinq
ou
six
cents
chevaux
et
deux
pièces
d’artillerie,
se
fit
rejoindre
par
les
compagnies
et
les
capitaines
des
garnisons
de
Mehun,
Vierzon,
Graçay,
Dun-le-Roi
et,
le
27
août
1590,
se présenta devant Lury avec un effectif de mille hommes environ ».
«
La
ville,
après
quelque
résistance,
demanda
à
capituler
;
mais
il
est
probable
que
tout
le
monde
n’était
pas
d’accord,
car
le
capitaine
envoyé
pour
reconnaître
la
place
fut
tué.
Richemont
tira
de
ce
meurtre
une
éclatante vengeance, il passa au fil de l’épée une grande partie des assiégés ».
Alphonse Buhot de Kersers parle de « massacre de la garnison du château, au mépris de la capitulation ».
Des boulets de canon…
Jean-Baptiste-Emile
Tausserat
mentionne
qu’on
a
«
trouvé,
dans
les
terrains
environnants
la
demeure
de
M.
Duteil,
maire
de
Lury,
des
boulets
enchaînés,
lancés
sans
doute
à
cette
époque
par
les
canons
de
la
place
;
et
ce
sont
probablement
les
ossements
des
soldats
de
la
garnison
qui
furent
découverts
près
du
Coudray
Cochet
»,
dans
les
années
1837.
«
Ils
étaient
tous
enterrés
les
uns
à
côté
des
autres
et
on
reconnaissait
parfaitement à leurs dents que la mort les avait surpris à la fleur de l’âge ».
En
mai
1591,
«
reprise
par
les
troupes
d’Arquian
(royalistes),
abandonnée
ensuite
par
elles
comme
ne
présentant pas une résistance suffisante, la pauvre petite ville de Lury finit par être incendiée. »
Une
liasse
(43
e
,
n°7)
du
fonds
du
Chapitre
Saint-Etienne
de
Bourges,
conservée
aux
Archives
départementales
du
Cher,
témoigne
d’un
«
marché
passé
avec
les
charpentiers
pour
reconstruire
et
réédifier
le
château
de
Lury,
incendié
et
ruiné
par
la
guerre
des
protestants
».
«
La
réparation
porta
surtout
sur
les
toitures brûlées », précise Alphonse Buhot de Kersers.
La
cité
de
Lury
ne
sera
pas
marquée
par
d’autres
soubresauts
majeurs
jusqu’à
la
Révolution
française,
et
la
première
assemblée
des
citoyens
actifs
de
la
commune,
réunis
le
24
janvier
1790,
après
la
messe,
pour
constituer
la
municipalité,
et
ainsi
désigner
le
premier
maire,
Jean-Baptiste
Gromet,
issu
d’une
«
vieille
famille
du pays », précise Jean-Baptiste-Emile Tausserat. Une autre histoire…
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